NAISSANCE DE LA CGT-FO AU TRAVERS DE L'HISTOIRE DU MOUVEMENT OUVRIER
FO N'EST PAS L'ENFANT DU HASARD !
1803 : INSTAURATION DU « LIVRET OUVRIER »
Mis en service par Napoléon en 1803 le livret ouvrier était un document officiel que devait présenter les ouvriers aux autorités en de multiples occasions. Tout ouvrier qui voyageait sans son livret était considéré comme vagabond et pouvait être arrêté et puni comme tel. Sur ce livret figurent les indications d’état civil de l’ouvrier, les noms de ces différents patrons, les motifs d’embauche et de départ. Toute mauvaise appréciation rend la recherche d’un nouvel emploi difficile. C’est la menace perpétuelle du chômage pour l’ouvrier qui ose formuler des revendications. Le livret ouvrier sera supprimé officiellement en 1890.
21 NOVEMBRE 1831 : PREMIÈRE RÉVOLTE OUVRIÈRE « LA RÉVOLTE DES CANUTS DE LYON »
La grande crise de 1826-1831 alimente le mécontentement politique. Charles X est renversé par le peuple. La monarchie s’installe avec l’avènement de Louis Philippe 1er. La grande crise économique de 1826 – 1831 alimente le mécontentement politique. Charles X est renversé par le peuple. La monarchie s’installe avec l’avènement de Louis Philippe 1er. L’espoir d’obtenir quelques réformes d’un régime estimé plus libérale que le précédent aiguillonne la protestation ouvrière qui porte plus directement sur des mesures à prendre contre le chômage, sur la réduction du temps de travail et sur les montants des salaires. De plus en plus, dans les grandes villes, les ouvriers réclament un « salaire minimum ». Entre 1831 et 1835 on ne dénombre pas moins de 58 grèves par an. Ce sont des grèves offensives. C’est ainsi qu’éclate à Lyon, la révolte des Canuts (tisseurs de soie) qui réclament un « tarif » au dessous duquel aucun fabricant de soierie ne pourra les rémunérer. Une partie du patronat refusera cet accord. Des manifestations éclatent et de graves incidents se produisent. L’armée chargera et la révolte sera noyée dans le sang.
25/29 FÉVRIER 1848 : INSTAURATION DE LA LIBERTÉ SYNDICALE
Les années 1846-1848 sont des années de crise économique mais aussi sociale. Tous les domaines sont touchés (l’industrie comme l’agricole), les prix grimpent, les salaires sont revus à la baisse. Le taux de chômeurs augmente considérablement. Après l’abdication de Louis Philippe et l’instauration du suffrage universel, un décret proclame le droit au travail et le droit d’association. « Le gouvernement provisoire de la république française s’engage à garantir l’existence de l’ouvrier par le travail. Il s’engage à garantir du travail à tous les citoyens, il reconnaît que les ouvriers doivent s’associer entre eux pour jouir du bénéfice légitime de leur travail ».
MARS 1848 : RÉDUCTION DE TEMPS DE TRAVAIL
L’utilisation de la machine à vapeur associée à l’éclairage au gaz ont conduit à l’allongement de la durée du travail.
Il n’est pas rare de travailler 15 heures par jour. En 1848 est créée une Commission du Luxembourg chargée de l’étude des problèmes du travail. Le décret du 2 mars 1848 va réduire la journée de travail à 10 heures à Paris et 11 heures en province. Malgré cette loi les ouvriers continuent de travailler plus de 12 heures par jour. Dès 1851 de nombreuses dérogations sont accordées qui vident la loi de 1848 de sa substance. La loi de 1841 qui réglemente le travail des enfants reste inappliquée notamment sur la durée de travail.
1850 : CRÉATION D’UN STATUT LÉGAL POUR LES SOCIÉTÉS DE SECOURS MUTUEL
Le XIX siècle, avec l’autorisation puis la liberté d’association, marque une étape importante pour les sociétés mutualistes. Afin de contrôler les actions de ces institutions de prévoyance qui servent de paravent au syndicalisme ouvrier, L’État légalise par un statut juridique les « sociétés mutualistes ».
1852 : LA LOI SÉPARE MUTUALISME ET COLLECTIVISME
Le coup d’état de décembre 1851 porte Napoléon III au pouvoir. Le massacre des badauds parisiens lors de ce coup d’état vise à intimider les opposants. Les républicains, les responsables ouvriers sont pourchassés. La loi autorise les « sociétés de secours mutuels » mais les syndicats sont de nouveau interdits.
1864 : CRÉATION DE CHAMBRES SYNDICALES ET DE FÉDÉRATIONS CLANDESTINES
Dès la fin du XVIIème siècle, malgré la loi Le Chapelier, des associations mutuelles se sont développées. Leurs buts officiels étaient de secourir les travailleurs face au chômage, à la maladie et à la vieillesse. Elles sont, suivant les périodes plus ou moins tolérées ou réprimées. A partir de 1830, alors que le patronat diminue les salaires afin d’augmenter ses profits, des « sociétés de résistance » se créent. Elles veulent freiner cette baisse des salaires et diminuer la journée de travail. Une délégation d’ouvriers français se rend à l’exposition Universelle de 1862 de Londres. Ils découvrent l’ampleur du mouvement ouvrier anglais puissant et bien organisé en Unions Nationales (Trades Unions) qui jugent de l’opportunité des grèves et des actions à mener. Dès 1864, à l’initiation des « Trades Union », les mutuelles et les sociétés de résistance vont se transformer en Chambres syndicales clandestines sur la base du métier. Un double mouvement pousse ces Chambres syndicales clandestines à s’unir. Cela aboutit d’une part à la formation de Fédérations Nationales à base professionnelle et d’autre part à une entente Interprofessionnelle entre les Chambres syndicales d’une même ville. La loi du 25 mai 1864 accorde le droit de coalition. L’État reconnait implicitement les organisations ouvrières mais les droits d’associations et de réunions ne sont toujours pas reconnus. Après l’exposition Universelle de 1867 à Paris, une commission ouvrière se créée. Elle obtient un succès inestimable : la reconnaissance tacite par l’Empereur de la liberté syndicale. Cette tolérance va faciliter l’éclosion syndicale. On dénombre 67 créations de syndicats entre 1867 et 1870.
1872 : SUPPRESSION DU DROIT DE GRÈVE ET DISSOLUTION PAR LE GOUVERNEMENT DE LA CHAMBRE FÉDÉRALE DES SOCIÉTÉS OUVRIÈRES DE PARIS
Après les répressions extrêmes infligées lors de la commune de Paris en 1871, le mouvement ouvrier se retrouve sans leader et sera plongé à nouveau dans de nouvelles années de répression. L’assemblée conservatrice au pouvoir va s’attacher à liquider les organisations ouvrières au travers de la loi DUFAURE qui suspend le droit de grève et dissous la Chambre Fédérale des Sociétés Ouvrières de Paris.
1874 : LOI SUR LE TRAVAIL DES ENFANTS
Une enquête sur les conditions de travail des ouvriers est menée. Elle aboutit sur le rapport DUCARRE qui met en évidence les méfaits du travail sur la santé des enfants. La loi de 1874 limitera le temps de travail des enfants de moins de 12 ans à 6 heures par jour dans les secteurs autorisés à les employer.
20 OCTOBRE 1876 : PREMIER CONGRÈS OUVRIER DE FRANCE A PARIS
150 associations dont 88 Chambres syndicales sont représentées à ce premier congrès ouvrier dit » de la salle d’Arras « . Le congrès réclame la liberté de réunion et d’association, le droit au travail, des salaires décents, des assurances maladie, chômage et vieillesse. Il affirme également sa volonté d’indépendance vis-à-vis de L’État et des partis.
21 MARS 1884 : LÉGALISATION DES SYNDICATS
La loi de 1884 autorisant la création des syndicats va permettre aux travailleurs de s’organiser au grand jour. La loi WALDEK-ROUSSEAU abolit la loi LE CHAPELIER. Les syndicats et les associations professionnelles peuvent se constituer librement pour l’étude et la défense de leurs intérêts économiques. Les fonctionnaires ne bénéficient pas de ces dispositions. Les activités de secours mutuel et les activités syndicales sont formellement séparées. Cette différenciation sera très importante dans l’évolution du syndicalisme en France à la différence du syndicalisme germanique, nordique ou anglo-saxon. Les ouvriers doivent se mettre en grève comme par exemple les mineurs d’Anzin pour obtenir la reconnaissance de leur syndicat. Le fait d’appartenir à un syndicat devient fréquemment un motif de licenciement.
1886 : CRÉATION DE LA FÉDÉRATION NATIONALE DES SYNDICATS ET GROUPES CORPORATIFS DE FRANCE ET DES COLONIES (FSN)
Les groupements politiques et ouvriers se renforcent. Les syndicats sentent un besoin d’unification et créés la Fédération Nationale des Syndicats et Groupements Dorporatifs de France. Le syndicalisme français est marqué par divers courants de pensée :
– Ceux qui veulent politiser le syndicat tels que les guesdistes (Groupés autour de Jules Guesde, gendre de Marx qui est le fondateur du Parti Ouvrier Français), les mutualistes et les corporatistes
– Ceux qui veulent préserver l’Indépendance Syndicale.
1887 : CRÉATION DE LA PREMIÈRE BOURSE DU TRAVAIL A PARIS
Le Conseil municipal de Paris donne un immeuble pour fondée une bourse du travail. L’idée de la municipalité est d’intégrer le syndicalisme, de le lier avec les intérêts de la ville. Mais cette idée ne prend pas chez les ouvriers qui marquent un désir d’indépendance syndicale. D’autres bourses se créent rapidement en province. Elles ont à la fois un rôle social, moral, éducatif et revendicatif. Elles assurent un service de mutualité (bureau de placement, secours en cas de chômage, de maladie ou d’accident), d’enseignement (cours du soir avec les premiers instituteurs laïcs),
mais aussi de propagande avec la création de syndicats et de résistance avec l’organisation des grèves. En Mayenne il faudra attendre le 12 janvier 1901 pour que soit inaugurée la Bourse du Travail. Elle était située au 56, rue Rennaise à Laval. Son premier secrétaire a été François ACAMBON. Il était auparavant secrétaire de la Chambre syndicale de la chaussure.
1891 : GRANDE GRÈVE DANS LES MINES DU NORD ET DU PAS DE CALAIS
Cette grève très dure s’achèvera par la « convention d’Arras » signée le 29 Novembre 1891. Convention collective avant la lettre qui concerne les mineurs du Nord et du Pas de Calais. L’accord portera sur les salaires et l’ouverture de négociation pour la mise en place d’une caisse de secours et de retraite.
1892 : ORGANISATION DE L’INSPECTION DU TRAVAIL ET LOI SUR LA RÉDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL
L’Inspection du travail naît de la carence dans l’application du droit du travail. Elle fut créée par la loi du 19 mai 1874 et réorganisée par la loi du 2 octobre 1892 avec la création d’un corps d’inspecteurs chargé d’assurer l’application des dispositions légales relatives aux conditions de travail, à la protection des travailleurs dans l’exercice de leur profession.
1892 : LES BOURSES DU TRAVAIL SE FÉDÈRENT EN FÉDÉRATION NATIONALE DES BOURSES DU TRAVAIL (FNBT)
Par souci d’indépendance, la fédération Nationale des Bourses du Travail (FNBT) se démarque de la Fédération Nationale des Syndicats (FSN). Fernand PELLOUTIER sera le premier Secrétaire Général de la Fédération des Bourses. Il revendiquera leurs indépendances et s’attachera à développer la solidarité interprofessionnelle.
1893 : LOI SUR L’HYGIÈNE ET LA SÉCURITÉ AU TRAVAIL
Les conséquences dramatiques du développement industriel sur les conditions de travail des ouvriers amènent les pouvoirs publics à intervenir pour édicter des mesures de protection de santé et de sécurité.
1895 : NAISSANCE DE LA CGT
Lors du 7ème congrès corporatif à Limoges, la FNBT (Fédération Nationale des Bourses du Travail) et la FNS (Fédération Nationale des Syndicats et Groupes Corporatifs de France et des Colonies) décident la constitution de la Confédération Générale du Travail.
Le congrès revendique :
– La journée de travail de 8 heures
– Un minimum de salaire
– La création d’une Caisse de Retraite
9 AVRIL 1898 : LOI SUR L’INDEMNISATION FORFAITAIRE DES ACCIDENTS DU TRAVAIL
Elle créée un régime spécial de responsabilité. Le salarié victime d’un accident du travail peut demander une réparation sans avoir à prouver la faute de son employeur. L’indemnisation est forfaitaire.